22/01/2018

Entre l’Islam et l’arrivisme

بسم الله الرحمن الرحيم



« La fin justifie les moyens. » 
Cette phrase, dont beaucoup de gens ne savent pas vraiment ce qu’elle signifie, sert encore de socle pour une pensée vicieuse et une perversion de la politique juste.

Tout d'abord, cet adage (ou cette devise) est une règle corrompue et corruptrice du fait des généralités qu’elle englobe. En effet, si un but ou un objectif est mauvais, le moyen d’y parvenir est alors interdit, même si cela est en apparence islamique. Si un but est islamique, rien ne justifie l’utilisation d’une méthode proscrite en Islam pour y parvenir. 
Autrement dit, ce qui est bon comme but ne peut pas être obtenu par un moyen corrompu et l’homme intelligent trouve dans l’Islam tout moyen licite pour atteindre ce qu’Allah aime, gloire à Lui.

En lien avec cette règle arriviste machiavélique, il y a le proverbe malsain qui dit : « L'argent n'a pas d'odeur. » Cela impliquant que tout argent est bon à obtenir, quel que soit les moyens employés pour s'en acquérir. Mais en vérité, l'homme est responsable devant son Seigneur, y compris dans les choses matérielles.

L’agrément d’Allah, Parfait qu'Il est, ne peut être obtenu en Lui désobéissant. Ce qui doit faire bouger l’homme conscient est l’amour d’Allah, ainsi que l’espoir de Son pardon et la crainte de Lui. Tout ceci à la lumière du Livre d’Allah et de la Sounnah de Son Messager (salla Allahu ‘alayhi wa sallam) avec la compréhension des pieux prédécesseurs.

L'imâm Ibn Al-Qayyim (751 H. - 1350 G.) a dit dans « I'lam Al-Mouwaqi'in » 3/147 :
« Les objectifs ne sont atteints que par les voies et les causes qui y mènent; les voies et les causes sont donc liés, et n'existent que par leur objectif.
Ainsi, les moyens des interdits et des désobéissances sont détestés ou interdits en fonction des objectifs vers lesquels ils mènent et les relations qui les lient avec ces derniers.
De même, les moyens de l'obéissance et du rapprochement sont aimés et permis, en fonction de l'objectif vers lequel ils mènent.
Dès lors, le moyen pour atteindre l'objectif fait partie de l'objectif recherché.
Les deux sont animés par une intention : le dernier à une intention de finalité et le premier à une intention de moyen.

Si Allah interdit quelque chose qui a des voies et des moyens qui y mènent, ceux-ci deviennent illicites et interdits pour que l'interdiction soit effective et consolidée et que les frontières de cet interdit ne soient pas approchées.
Car si les moyens et les voies qui y mènent, restaient permis, cela serait contradictoire à l'interdiction et une tentation pour les âmes.
La sagesse et la science du Très-Haut ne permettent point cela. »


Le politiste italien Giovanni Sartori disait déjà en 1958 dans son livre « Théorie de la démocratie » p. 344 :
« L’arme terminologique, dans un monde toujours plus envahi et dominé par les sonneries de trompettes des moyens de communication de masses, ne permet plus de dire que les mots n’ont plus d’importance. »
En France, selon ma modeste analyse, les libéraux et capitalistes, qui ont le pouvoir de l’argent, ont profité de la sacralisation de la démocratie pour former une « arrivismocratie » et une oligarchie malsaine.
 
La démocratie n’étant, en fait, qu’une illusion qu’il faut considérer selon son origine ; un mot valise et une notion prétexte pour faire accepter l’anarchie et le terrorisme le plus abject. 
Une utopie étant "un monde inexistant et impossible", ainsi qu'une "prétention ambivalente à imaginer une réalité irréelle dans le but de la rendre réelle", on peut dire que, tout comme l’égalitarisme, la démocratie est aussi une utopie, ainsi qu'une théorie fictive et un piège intellectuel avant d’être politique.

Evidemment donc, quand il est question de vide et de tromperie, il n’est pas question d’éthique, ni de morale, ni de culture, ni de valeurs, ni de foi.
La consultation d'un peuple ou d'une communauté par le dirigeant du peuple n'est pas la démocratie.

Les conséquences de l'idéalisation de la démocratie sont une sorte de guerre civile froide pour la gloire des aristocrates et oligarques arrivistes, l’apparition de l’imposture du pluralisme, la reproduction d’une certaine « élite » arriviste sous l’adage « diviser pour mieux régner », et, l’ambition d’unir des gens qui ne peuvent jamais s’unir spirituellement et religieusement.

L'illusion de la démocratie est un système et une conspiration. Elle est le support de la politique du vide et de la guerre aux intérêts énigmatiques. Elle est le feu vert aux complots des obsédés de l'hégémonie et de la domination, les complexés de l'infériorité numérique.

Les avocats de cette illusion prétendent la complexité là où est la simplicité, et l'information là où est l'habilité à tromper.
Le rejet de cette illusion n'est pas le fruit de l'incompréhension, ni celui de la frustration, mais le fruit de l'intelligence et du bon sens.

Les jeux de mots pervers du dix-huitième siècle ont enfanté les jeux de rôles d’une politique hypocrite, avec ses laïcs à plein temps, intermittents du spectacle. Système et environnement où le mal-être est tabou, ce mal-être ayant pour origine l’insoumission à Allah (glorifié et élevé qu’Il est), la rébellion envers Lui, Sa Loi et Ses Messagers. 

Face à l'ignorance, l'Islam n'est pas une science-fiction. Il n'y a, dans le message d'Allah, ni mystification, ni confusion, ni ambiguïté, ni équivoque.

Pour enrayer le recyclage du faux et son emprise, il faut implorer l'aide d'Allah, Celui qui a mis dans les hommes le besoin de justice. L'Islam n'est ni la fuite de la vie, ni le mépris de la sensibilité, ni la haine du plaisir. L’avènement de l'Islam comme foi et mode de vie n’annonce en rien la dictature, ni la théocratie, ni la théodémocratie, mais plutôt le crépuscule de la médiocratie et de l'hypocrisie sous toutes ses formes.

Ecrit par AbdouSalam Abou Yahya
Fin du mois de Mouharam 1441

1 commentaire:

  1. Eliot T.S disait en 1939 :
    « Lorsqu'un vocable est gratifié d'un caractère aussi universellement sacré, (...) comme aujourd'hui "démocratie", je commence à me demander si, à force de signifier tout ce qu'on veut qu'il signifie, il signifie encore quelque chose. »

    En 1881, un écrivain écossais résume : « La démocratie est une croyance pathétiqune en la sagesse collective de l'ignorance individuelle. »

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