01/12/2017

Jihadisme, jihadologie ou métamorphose de la religiosité

بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ

En Janvier 2015, "Mediapart" a prétendu s’être procuré la totalité du corpus des textes saisis en 2010 aux domiciles de Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly, deux des trois auteurs des attentats.

On y trouve un cyber livre (anonyme et en français) datant de 2009 ("les savants du sultan"). A la fin il y a une une critique lamentable du moufti 'Abdoul'Aziz All A-Chaykh et aussi par déduction de la plus part des savants d'Arabie Saoudite pour leur proximité avec les autorités du pays...
En fait, ce genre d'attaque ne date pas de 2009. Il y a presque 20 ans, le noble savant AbdouSalam ibn Barjass a sorti un livre de 95 pages sur le sujet ayant pour titre "Qat'ou al-mira fi houkm doukhoul al-'ullamah 'ala al oumara" (La fin de la querelle sur l'accès des savants aux émirs ou "la fin de la querelle sur le jugement de l'entrée des savants chez les émirs"). Le livre est gratuit sur le site de l'auteur en arabe.
Il cite neuf récits prophétiques prouvant l'autorisation, la recommandation ou l'obligation pour les savants ou autres d'entrer chez les émirs ou autres gens du pouvoir.

Avant les traductions de son livre (rahimahouLlah), voici ce qu'on peut lire dans le livre khariji soit disant saisi par la police :
"D’après Zayd ibn Aslam qui rapporte cela de son père, Le Prophète Muhammed ‘Aleyhi salat wa salam a dit : « Le Djihad ne cessera d’être doux et agréable, tant que l’eau tombera du ciel. Mais il viendra un temps pour les hommes où certains lecteurs parmi eux diront :
« Ceci n’est plus l’époque du Djihad. »
Celui qui vivra ce temps quelle merveilleuse période pour le Djihad.
Les Compagnons, raddi Allahu ‘Anhum, dirent :
- Y'aura-t-il quelqu'un pour dire cela ?
Il (‘Aleyhi salat wa salam) dit :
- Oui celui qui sera maudit par Allah Subhanahu wa Ta’aala, ses anges, et le reste des gens. »" Fin de citation...

Premièrement, la traduction n'est pas toujours correcte. 
Deuxièmement, pour embellir son oeuvre il cite le nom de celui qui rapporta le hadith mais sans parler de la chaîne de transmission. 
En vrai, le hadith n'est pas de Zayd Ibn Aslam selon son père mais de AbdouRahman ibn Zayd ibn Aslam (Al 'Adawi) selon son père ! Et les savants du hadith (comme a dit Ibn Al Jawzi) sont unanimes que AbdouRahman n'est pas fiable mais faible (bien qu'il soit un bon exégète), tout comme ses deux frères. De plus, Zayd ibn Aslam (mort en 136, rahimahouLlah) est un imam pieux et fiable mais il n'a jamais entendu ni rencontré le Messager d'Allah (salla Allahou 'alayhi wa sallam).
Un ignorant qui lit pourrait croire que le hadith est authentique mais il est faible. Ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.

Les khawarij n'ont aucune pudeur de mentir quand il s'agit de propager la haine contre les vrais savants de l'Islam (comme Mohammed Al-Jami, Rabi' Al Madkhaly ou le moufti Abdoul 'Aziz) et d'amener les gens vers leur vision du jihad et de la politique qui ne représente que leurs passions. Mais, par la grâce d'Allah, leur sectarisme si obscur qu'aveugle est de plus en plus démasqué.

Quelques mots en réponse à ce livre khariji (et anonyme) rempli d’ambiguïtés et d'erreurs:

L'imam At-Tirmidhi a rapporté dans son recueil (n° 2259), selon le sahabi Ka'b ibn 'Ujra (raddi Allahu 'anhou) que le Messager d'Allah (salla Allahu 'alayhi wa sallam) a dit : 
"Il y aura après moi des émirs menteurs et injustes. Celui donc qui entre chez eux en les approuvant dans leur mensonge et en les soutenant dans leur injustice, je ne suis alors pas de lui et il n'est pas de moi. Il ne s'abreuvera pas de mon Bassin (au Jour du Jugement).
Celui qui se rend chez eu, ne les approuvant pas dans leur mensonge et leur injustice, il est alors de moi et je suis de lui.
Hadith jugé authentique par At-Tirmidhi, l'imam Ibn Al-Wazir, Ibn Al-Amir As-San'ani, l'imam Mouqbil Al-Wadi'i (dans As-Sahih al-mousnad n. 1092) et par l'imam Al-Albani.
L'éminent savant 'AbdouSalam ibn Barjess (mort en 1425, soit en 2004, rahimahouLlah) a dit:
"Ce hadith prouve que celui qui entre chez l'autorité juste est louable en toute circonstance. Ceci, car il (salla Allahu 'alayhi wa sallam) a loué celui entre chez l'autorité injuste en conseillant ou pour stopper les soutiens de sa tyrannie. Celui donc qui entre chez l'autorité juste mérite plus la louange car il ne trouvera chez lui que droiture et justice. La plus part du temps il n'y a pas de peur d'être éprouvé tournée envers lui, son rôle est alors de conseiller, de rappeler et de consulter sincèrement."


Dans un hadith on trouve : "Celui qui se rend à la porte du sultan sera éprouvé." Quelle est donc cette épreuve (fitnah) ? Comme a dit le Chaykh Ibn Barjass; elle s'explique par la première partie du hadith précèdent (hadith Ka'b).


L'imam Abou 'Ali Al-Hassan Ibn Al-Banna Al-Hanbali (mort en 471) a dit: 
"Ce qui est évoqué comme blâme, ceci n'est que concernant celui qui les fréquente (les sultans) pour calomnier un musulman ou approuver, ou soutenir un mal. Il est donc obligatoire de rattacher les récits durs sur le sujet en fonction de cela, en rassemblant entre les preuves."

Le juge 'Iyad rapporte dans "Tartib al madarik" que l'imam Malik ibn Anas a dit : 
« Le devoir de tout musulman ou homme auquel Allah a mit dans son coeur quelque chose du savoir et de la compréhension est d'entrer chez celui qui a du pouvoir (sultan) pour lui ordonne le bien, lui proscrire le mal et le sermonner pour que soit clarifier aux gens l'entrée du savant chez autrui. Car le savant n'entre chez le sultan que pour cela. Et si cela se fait, alors c'est le mérite au delà duquel il n'y a pas de mérite. »

Au quatrième siècle, Al-Hakim At-Tirmidhi (Mohammed ibn Ali) a dit dans un de ses livres : 
"Ne vois-tu pas que les Compagnons du Messager d'Allah (salla Allahu 'alayhi wa sallam) entraient chez leurs émirs ? Ils mangeaient avec eux et les accompagnaient. Parmi eux il y en a qui entre chez Al Hajjaj (en Iraq), Al Moukhtar (al kadhab) ou encore chez Yazid Ibn Mou'awiya (qui était pieux contrairement aux deux autres). Ils acceptent leurs bienfaisances et se mélangent à leurs affaires. Parmi ceux-là : Ibn 'Omar, Ibn 'Abbas, Anas ibn Malik, Al Hassan et Al Houssayn, raddi Allahu 'anhoum." 
Ensuite il a cité 11 savants parmi les tabi'ines (disciples des sahabas). 

Les savants parmi les pieux prédécesseurs entretenaient des relations convenables avec les émirs et gouverneurs de leur temps. En Iraq, l'imam Ibrahim ibn Yazid An-Nakha'i (mort en 96) a visité un émir. Celui-ci l'a alors fait monter sur un cheval de charge, l'a habillé d'un vêtement et lui a donné mille dirham. Ibrahim a accepté cela sans refus et il n'y a eu aucun mauvais mot venant des gens. Aussi, il achetait parfois des oies et les faisaient grossir pour ensuite en offrir aux émirs.

L'imam An-Nassa-i rapporta de 'Aïcha (raddi Allahu 'anha) que le Messager d'Allah (salla Allahu 'alayhi wa sallam) a dit :
« Celui parmi vous qui s'est vu confier un travail et à qui Allah a voulu du bien, Il lui accordera un wazir (un ministre ou un soutien) pieux ; si il oubli celui-ci lui rappellera et si se rappelle, celui-ci l'aidera. » Et dans une version : « Si Allah veut du bien à l'émir... » Authentifié par Al Albani dans As-Sahiha n° 489.
Le mot francophone "vizir" vient du mot arabe wazir et c'est le sens de ministre.
Al 'allamah AbdeSalam ibn Barjass a dit : 
« Puisque l'entrée du wazir chez l'émir est autorisée, l'entrée d'autre que lui qui est connu pour son savoir, son conseil et sa sagesse également. Ceci, car le sens de la Loi est l'assiduité à ce que l'entourage du sultan soit les gens de bien et de piété. »
L'imam pieux Abou 'Omar Youssouf Ibn Abdil-Barr a dit: « Si l'émir ou le califat fréquente continuellement les ulémas, il sera alors plus digne d'être juste et de confiance. » At-tamhid 8/28.

L'imam yéménite Mohammed ibn Al-Wazir (mort en 840 H.) a dit dans Al-'Awassim (8/246) a dit que la plus part des prédécesseurs ont fréquenté les rois, ou leur ont écrit, ou ont accepté leurs dons.
Selon les savants, pour entrer chez un roi ou un chef politique il y a comme condition l'absence de courtisanerie. La courtisanerie (al moudahana) est interdite. Elle signifie qu'une personne compromette sa ou foi et sa religion au profit d'un bien mondain et éphémère.

منقول من الكتاب قطع المراء لعبد السلام بن برجس وللفائدة ينظر كتاب تحفة الوزراء لابي منصور الثعالبي


Les deux fils de Ali ; Al Hassan et Al Husayn (raddi Allahu 'anhoum) visitèrent Mou'awiya (raddi Allahu 'anhu) et ils acceptèrent leurs dons.
Al 'allamah Mohammed Ali A-Chawkani a un magnifique livre (de 26 pages) sur le statut des liens entre savants et gens de pouvoir (raf' al-assattin fi houkm al-itissal bi asalattîn). Il explique que Satan le maudit ne serait pas plus content que de cette chose; que les savants de l'Islam fuient les gens de pouvoir puis que ceux-ci transgressent au grand jour les Lois de l'Islam et disent : "Nous sommes ignorants, personne ne nous a enseigné, les savants de l'Islam ont fuient de nous".

Maintenant, ne sois plus étonné de la médiatisation de ceux qui veulent métamorphoser ou écraser l'Islam de l'intérieur. Beaucoup se revendiquent de la Sounnah, mais ils s'acharnent contre le savant sunnite considéré chez eux comme le premier individu apparent faisant obstacle à la falsification de l'Islam.
Pourtant, comme a dit le noble savant (al 'allamah) 'Obayd Al-Jabiri (hafidhahuLlah) : 
« Les expériences ont certes prouvé, à travers l'Histoire, que les grands savants sont ceux qui dissipent l'angoisse des problèmes dans les grands évènements éprouvants (an-nawâzil). Par eux la parole s'unie et les gens de la Sounnah se fortifient. Ils sont en effet les défendeurs de la Sounnah et de ses partisans en toute époque et en tout lieu. »
(Tabsir al-khalf bicharhi a-tuhaf min madhab as-salaf)

En lisant les ahadith, les versets ou les paroles des pieux savants que citent les gens de la passion, certains se laissent influencer par leur innovation "jihadiste" ou se mettent en colère pour un motif qui n'est pas islamique. Mais comme a dit un enseignant d'Arabie Saoudite :
"La méthodologie des gens de la Sounnah et des gens de science, c'est qu'ils regardent les preuves de façon globale. Ils se penchent sur la Sounnah et la perçoivent dans son ensemble. Tandis que la méthodologie des gens de la passion, c'est qu'ils choisissent (les Textes) et résument en fonction de leurs passions. Ils prennent donc des preuves (de la Révélation d'Allah) ce qui est conforme à leur passions et mettent les preuves aux suivies de leurs passions."
Il explique aussi que la Sounnah est comme une construction pyramidale. Celui donc qui la regarde d'en haut voit tous ses recoins et s'éclaircit pour lui son image réelle. En revanche, celui qui la regarde d'en bas ne voit que ce qui est devant lui...

Wa al-hamdouliLlah. AbdouSalam Al Faranssy

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