19/10/2017

Un mouslim dans l'Histoire

بسم الله الرحمن الرحيم

Anselm Turmeda de Majorque, aussi connu sous le nom de Abou Mohammed Abd Allah At-Tourjouman Al-Mayorquy Al-Andaloussy, était un prêtre franciscain qui s’est converti à l’Islam au 14ième siècle G. (756 – 837 H. soit 1352-1423 G.).

Il a laissé derrière lui un livre important en arabe « Tuhfat Al Arib fi Ar-rad 'ala Ahl As-salib » (Le joyaux du sage en réponse aux gens de la croix), qui est une réfutation des dogmes chrétiens et de leurs contradictions, écrite 5 ans avant sa mort. Ce livre a été cité par le grand savant iraquien Nou'man AlAloussy (mort en 1317 H.) dans son grand livre Al djawab al fassih lima laffaqahou Abdelmassih.

La première partie de ce livre est consacrée à l’autobiographie de l’auteur.
Je mets ici la bonne traduction d'un frère datant d'Octobre 2009 (j'ai corrigé les erreurs et les manquements en me basant sur le livre en arabe, révisé par un professeur du Caire en fonction de toutes les copies). Ceci, sachant que la première traduction française date de 1885 dans une revue religieuse de Tunis, puis en 1971 vint la traduction espagnole, et il y a une dizaines d'années la traduction anglaise d'un célèbre converti britannique. Cette dernière a fait l'objet d'une traduction de l'anglais vers le français, sauf qu'il y a des erreurs.

Voici maintenant la fameuse autobiographie en question. Il a dit (qu'Allah lui fasse miséricorde) :

« Sachez, qu'Allah vous couvre de sa miséricorde, que je suis né (en 1352) à Mallorca (l’actuelle Palma de Majorque), qu'Allah la fasse revenir à l'Islam, et c'est une grande ville de commerce donnant sur la mer entre deux montagnes qui possède deux enclaves.
Je suis issu d'une famille bourgeoise civilisée dont j’étais le fils unique. A l’âge de 6 ans, mon père m’a confié à un prêtre-précepteur chez lequel j’ai étudié les évangiles jusqu’à en apprendre par cœur une bonne partie en deux ans.

J’ai ensuite appris le Latin et la science de la logique pendant 6 autres années. Après, je suis parti du pays de Majorque vers la ville de Lérida en terre de Catalogne et c'est un centre culturel chrétien dans cette région. La ville a une grande vallée qui la traverse (…). J'ai vu l'or mélangé dans son sable. Sauf que selon l'ensemble des gens de cette région, les dépenses pour l'obtenir sont trop importantes (...). 
Et, dans cette ville, il y a 1500 étudiants qui ne dépendent que du prêtre avec lequel ils étudient. J’ai étudié les sciences de la nature (physique) et l’astronomie pendant 6 ans puis j’ai enseigné les évangiles et le latin pendant 4 ans (il est entré chez les franciscains bien avant ce voyage).

Après, je suis parti à la ville de Pampelune (au nord de l'Espagne, au vu de sa description des maisons typiques du pays basque, ou Bologne en Italie ; le nom de la ville dans les copies en arabe est discutable mais le contexte implique le choix de Pampelune), qui est une très grande ville de savoir construite avec des pierres de qualité. 
Tout enseignant des ouvriers de la pierre a un tampon qui lui est propre (...). Plus de 2000 étudiants viennent chaque année s’instruire dans la ville. Ils étaient vêtus de tissus rêches qu’ils appelaient la « clameur de Dieu ». Chacun d’entre eux, fut-il le gouverneur ou le fils d’un gouverneur, était enveloppé de ce vêtement afin de se distinguer, en tant qu’étudiant.

J’ai habité dans une église chez un prêtre âgé du nom de Nicolo Martel. Ce prêtre était très respecté chez les chrétiens pour son savoir et sa piété au point que les questions lui venaient de nations diverses, posées par des rois, des nobles et accompagnées de divers présents précieux par lesquels ils cherchaient sa bénédiction.
Ce prêtre m’enseigna la science des fondements du christianisme et ses règles. Je devins très proche de lui ; j’étais à son service et l’assistais dans ses tâches. Je devins l’un de ses assistants à qui il accordait le plus sa confiance, au point où il me confia les clefs de ses appartements et des réserves de nourriture et de boisson. La seule clef qu’il ne partageait pas avec moi était celle de la petite chambre où il dormait. Je pense, mais Allah sait mieux, qu’il gardait là ses trésors personnels.
Durant dix années, je fus à la fois son étudiant et serviteur ; puis, il tomba malade, au point de n’être plus en mesure d’assister aux réunions avec les autres prêtres…

Un jour donc, notre maître s’absenta de son cours ce qui a été mis à profit pour discuter de divers sujets théologiques. Le passage du « Paraclet » a été abordé à un certain moment, et le débat a été infructueux bien que les hypothèses des étudiants étaient multiples. Après, je suis retourné auprès du prêtre qui me demanda ce que nous avons fait en son absence. Je lui ai parlé de la discussion sur le « Paraclet » et des différentes réponses des étudiants qu’il commenta et réfuta une par une. Il ajouta que le sens de ce noble nom n’était connu que par les savants les plus confirmés et qu’on était très loin d’en faire partie. Je me suis mis aussitôt à lui embrasser les pieds en l’implorant :

Ô Maître, vous savez que je suis venu de loin et j’ai passé 10 ans à votre service pendant lesquels j’ai appris tant de choses. Je vous demande solennellement par votre belle faveur de me faire connaitre ce noble nom…
C'est alors qu'il pleura et me dit : Ô mon fils, par Allah tu as une grande place dans mon cœur pour ton service et ton dévouement, mais la connaissance de ce nom est quelque chose de si important que j’ai peur que cela ne t’affecte et que les chrétiens te tuent pour ça.
- Ô Maître, par Allah Le Grandiose et le droit de l’Évangile, je ne divulguerai ce que vous me direz tant que vous vous y opposerez.
Il dit : « Mon fils, lorsque tu es arrivé ici, en provenance de ton pays, je t’ai demandé s'il est près des musulmans, s’ils avaient organisé des attaques contre vous et vous contre eux. Je t’ai posé ces questions pour tester ce que tu as comme degré de haine envers l’Islam. 
Alors sache mon fils, que le « Paraclet » est un des noms du Prophète de l’Islam qui a reçu le quatrième livre dont parlait le prophète Daniel. Ce prophète dit que ce Livre lui a été révélé et que sa religion est la religion vraie, la voie claire évoquée dans l’Évangile.
Ô maître, et que dites-vous sur la religion des chrétiens ?
Il m'a alors dit : "Si les chrétiens avaient suivi la religion originelle de Jésus, leur religion aurait été certes la religion d'Allah, car la religion de Jésus ('Issa) et de l'ensemble des Prophètes est la religion d'Allah. Mais ils l’ont modifiée et sont devenus mécréants…"
Quelle est donc la voie du salut, mon maître ?
Embrasser l’Islam...
En le faisant, serais-je sauvé ?
Oui, tu le seras dans cette vie et dans l’au-delà.
Mais Maître, un homme sage ne prend pour lui-même que ce qu’il sait être le meilleur. Vous qui savez le mérite de l’Islam, pourquoi n’y adhérez-vous pas ?
- Ô mon fils, je n'ai trouvé cette vérité sur le mérite de l'Islam qu'à un âge très avancé avec un corps affaibli.
Nous n’avons aucune excuse, nous chrétiens ; au contraire, la preuve d'Allah a été établie contre nous. Et si Allah m’avait fait connaître cette vérité quand j’avais ton âge, j’aurais embrassé la religion de vérité en abandonnant tout derrière moi. Hélas, "l'amour du bas monde est la source de tout péché" (parole attribuée au Messie 'Issa).

Toi, tu connais bien ma position, mon grade et ma notoriété parmi les chrétiens, tu vois bien leur reconnaissance et l'abondance (en cadeaux et aumônes) avec laquelle ils m'entourent. Si jamais ils voyaient de moi un moindre penchant pour l'Islam, ils me tueraient certainement sur-le-champ ! 
En supposant que je leur échappe et que je rejoigne les musulmans, je leur dirais alors "je viens vers vous en tant que musulman" mais ils me répondraient : "Tu n'as de mérite qu'envers ta personne, n'attends donc pas de notre part une quelconque reconnaissance" (mauvaise pensée). Je serais ainsi parmi eux, moi le vieillard de 90 ans, un pauvre et qui ne connaît de surcroît rien de leur langue, et eux ne sauraient mon véritable rang.
Me conseilleriez-vous alors de partir au pays des musulmans et de me joindre à leur religion ? Lui demandais-je.
Si tu es doué de sagesse, cherchant le salut alors fais-le, et tu auras gagné la vie terrestre et celle de l'au-delà. Mais cette discussion doit rester secrète entre nous, garde toi de la divulguer et ne te fais surtout pas prendre. Les chrétiens te tueraient et je ne pourrais rien pour te sauver, je nierais même tout, et ma parole primerait sur la tienne.

Je lui ai promis ce qu’il voulait. Ensuite j’ai pris mes dispositions pour le voyage, je lui ai fait mes adieux et il a invoqué pour moi en bien. Il m'a offert cinquante dinars d'or et j'ai pris la mer, d’abord vers Majorque pour 6 mois, puis vers la Sicile où je suis resté 5 mois à attendre un bateau qui partait vers le pays des musulmans...
Quand j'ai enfin trouvé, nous sommes partis au moment du coucher du soleil.
J’ai débarqué ensuite à Tunis vers midi où j’ai été accueilli par des prêtres et des commerçants chrétiens qui avaient pris connaissance de ma venue et ils m’ont hébergé pendant 4 mois dans la meilleure des situations. J’appris ensuite avec beaucoup de joie que le roi (Sultan) Abou Al Abbas Ahmad avait pour médecin un certain Youssouf qui connaissait ma langue. J’ai été alors le voir et je lui ai expliqué mon histoire, ce qui l’a réjouit énormément, et m’emmena chez le roi.

Ce dernier, en apprenant mon histoire, me posa des questions sur mon âge (35 ans) et sur ma formation puis m’invita à prononcer la chahada (l'attestation de foi qui fait entrer l'homme en Islam). Je lui répondis que ce que j’allais faire m’exposerait à la diffamation des chrétiens et j’aimerais qu’il fasse venir des prêtres pour qu’il sache ce qu’ils pensent réellement de moi.

Le roi me dit que mon souhait est le même que celui que AbdouLlah Ibn Salam avait formulé au Prophète (salla Allahou 'alayhi wa salam) lors de sa conversion (AbdouLlah Ibn Salam était un savant juif de Médine).
Il les fit venir et leur demanda sans qu’ils me voient ce qu’ils avaient à dire sur mon compte. Ils répondirent unanimement que j’étais un grand savant et qu’ils n’avaient jamais connu quelqu’un d’aussi érudit et pieux. Il leur demanda ce qu’ils penseraient si j’embrassais l’Islam. Ils dirent que ça serait une chose infâme que je ne ferais jamais. Je les ai rejoint à ce moment et j’ai prononcé la chahada devant eux. Ils se signèrent d’indignation et dirent que je n’ai fait cela que par désir d’épouser une femme, les prêtres devant faire vœu de chasteté. Ils partirent très affectés, sous le choc et tristes.

Le roi m’attribua ensuite une pension et j’ai épousé une femme (la fille de Mohammed As-Saffar) qui me donna un garçon que j’ai appelé Mohammed tel que notre Prophète (salla Allahou 'alayhi wa salam). »

Il prit ensuite des fonctions diverses dans la cours hafside, principalement celle d’interprète de par sa connaissance du français, de l’italien, du catalan, du latin et plus tard de l’arabe, d’où le nom « At-Tourdjoumane » (Le Traducteur). Après seulement un an, il devint si doué pour la langue arabe qu’il fut nommé dirigeant du Département de Traduction. Il était connu des gens du peuple, qui lui donnaient des surnoms affectueux, dont le plus populaire était Sidi Tohfah, c’est-à-dire Maître Cadeau, qui faisait référence à son populaire ouvrage. 
En 1412, le pape d'Avignon lui envoya une bulle (lettre) ! Selon une source catholique aussi, Alphonse Le Magnanime (roi d'Aragon) tenta d'entrer en contact avec lui en 1423. Et Allah sait mieux.
Il est mort à Tunis à l'âge de 71 ans, soit 36 ans après son entrée dans la religion d'Allah, farahimahouLlah.

Louange à Celui qui sauve de l'emprise de Satan. Louange au Tout-Miséricordieux qui sauve ses serviteurs de l'Enfer, comme Il veut et quand Il veut. Magnifique histoire que celle d'Al-Mayorquy, leçon de patience et d'espérance en Allah. 
Leçon de véracité avec Allah et pour Lui. Leçon de mise en pratique de la vraie Foi dans une époque comme la nôtre où plus que jamais les chrétiens font semblant de croire en leur Créateur et se moquent de Lui.

Itinéraire plein de courage et de confiance en Allah, car dans le fond, la vie n'est qu'un seul voyage, un seul cheminement vers l'Au-delà. Certains entreront au Paradis par la faveur d'Allah, d'autres en Enfer par la totale justice d'Allah. De qui voulez-vous donc la satisfaction? La satisfaction de vos basses passions ou celle du Très Haut, le Grand Pardonneur?

Parmi ce que j'ai lu d'intéressant dans un livre de AbdouRahman Al-Mou'alimy, il y a les paroles d'Ibn Hazm Al-Andaloussy qu'il cite (sachant que Abd Allah, le traducteur majorquin, a lui-même fait l'éloge d'Ibn Hazm sur ce sujet). 
Ibn Hazm a dit qu'Allah - élevé et glorifié qu'Il est - a laissé quelques vérités dans ce qu'il reste de la Torah et de l’Évangile en possession des juifs et des chrétiens. Allah -élevé et glorifié qu'Il est- a voulu qu'il en soit ainsi pour qu'il y ait un argument contre eux dans ces vérités encore visibles. Preuve en est Sa Parole (selon le sens) : { O vous à qui on a donné le Livre, croyez en ce que nous avons fait descendre, en confirmation de ce que vous aviez déjà, avant que nous effacions des visages… } [An-Nissa (4), 47]
Voir Al Fissal (1/317) d'Ibn Hazm (mort en 456, soit quatre siècles avant le temps du Traducteur)

On remarque aussi que dans ses livres, le juge et savant égyptien Abi Al-baqa Sâlih ibn Housseyn Al-Ja’farî (mort en 688) a expliqué en détail l'annonce de Mohammed – salla Allahou 'alayhi wa salam - et sa prophétie dans la Bible. En comparant la Bible de nos jours et celle de son époque, on s'aperçoit clairement comment la falsification des manuscrits juifs et chrétiens a continué après l'époque de l'auteur pour que la vérité sur l'Islam soit cachée au maximum.

Les savants chrétiens n'ont jamais été unanimes sur la crucifixion de Jésus (paix sur lui) alors que ceci est beaucoup plus évoqué dans le Nouveau testament que le passage du "Paraclet". Comment donc pourraient-ils être unanimes que le Paraclet signifie le "Saint-Esprit" ?! Craignez le châtiment qu'Allah a préparé pour les mécréants.

Aucun des écrivains et des compilateurs du Nouveau Testament n'a connu et suivi la lumière du monothéisme pur, la prédication authentique des compagnons de 'Issa. Ni Marc le menteur qui rapporta les paroles d'un menteur (exemple ; l'histoire des trois mages), ni Ignace, ni Marcion (hypocrite dualiste en lien avec les textes de Paul de Tarse qu'il a rendu connu), ni son agent Luc, ni Polycarpe le faux martyr, ni Denys, ni Irénée, ni un quelconque pape, ni Origène. 

Les rivalités, les divergences et les répliques qu'il y a avait entre les écrivains du NT ne sortaient jamais du cadre de l'ésotérisme et de la philosophie païenne, même si cela est au nom de Jésus ou de l’Évangile.

Écrit par AbouSalam Abou Yahya Al Faranssy - Texte revu et corrigé au mois de Mouharam 1440 puis le 24/06/1444, correspondant au 17/01/2023